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3 H et/ou 3 F 3 H, 4 F 3H,5F 3H, 6F Au moins 3 H sur 14 4 H, 3 F 4 H, 4 F
4H,5F 5 H, 5 F Distribution modulable pour troupe Pièces pour jeunes Liste des pièces
SCENE 1
GUILLAUME,
répondant au téléphone. – Oui,
vieux. Je rentre à l’instant…Crevé…Une semaine infernale…J’espérais un week-end
tranquille…Mais c’est déjà parti à cent à l’heure avec Jeanne. Salut.
(Il
raccroche.)
JEANNE,
rentrant. – Alors, tu t’es
éloigné pour trouver une réponse plausible ? Tu réfléchis ?
GUILLAUME. – C’est toi
qui réfléchis. Que fait cette tente sur la pelouse ? Tu n’as pas répondu à ma
question, Jeanne.
JEANNE. – Et toi,
réponds à la mienne : pourquoi rentres-tu seulement aujourd’hui ?
GUILLAUME,
embarrassé. – Le…le dossier a
pris plus de temps que prévu.
JEANNE. – Je croyais
que tu devais rentrer hier soir.
GUILLAUME. – Le…le
patron m’a demandé de passer voir un client dans la région.
JEANNE. – Comment
s’appelle-t-il ?
GUILLAUME. – Mais tu le
connais son nom : Peinard, Hervé Peinard.
JEANNE. – Je ne te
demande pas le nom de ton patron, c’est celui de ton client que je désire.
GUILLAUME. – Ah ! C’est
de ce nom-là dont tu parlais.
JEANNE. – De quel nom
crois-tu qu’il s’agissait : de celui de l’horrible Chihuahua de ton patron ?
GUILLAUME. – Quand tu
penses qu’il l’accompagne régulièrement au bureau, on devrait réclamer.
JEANNE. – Tout comme
moi : je te réclame le nom du client et tu essayes de noyer le poisson.
GUILLAUME. – C’est vrai
qu’il en a un aussi sur son bureau. Il s’appelle Victor.
JEANNE. – Qui ? Ton
client ?
GUILLAUME. – Non : le
poisson rouge, il s’appelle Victor.
JEANNE. – Je me moque
du nom du poisson rouge, c’est celui du client que je te demande et ne me rends
pas celui du patron.
GUILLAUME. – Peinard,
il s’appelle Peinard.
JEANNE. – Je sais, je
ne sais même que ça, comme je connais par cœur ta rengaine : c’est nous qui
faisons tout, lui il est bien…
GUILLAUME. – Peinard,
il est bien peinard. C’est vrai qu’il ne fait pas grand-chose, il délègue
beaucoup.
JEANNE,
d’abord en aparté. – Changeons de
stratégie.
(Puis à Guillaume.).
Il délègue donc. La preuve, il te demande de rendre visite à un client. Où ?
GUILLAUME. – A…à
Poitiers.
JEANNE. – A Poitiers ?
Et comment s’appelle-t-il ? Puisque j’ignore toujours son nom malgré plusieurs
demandes.
GUILLAUME. – Mais je
n’arrive pas à en placer une.
JEANNE. – Attends.
Laisse-moi deviner, un client à Poitiers : Charles Martel ? Henri Sarrazin ?
GUILLAUME. – Tu te
moques ?
JEANNE. – Non, c’est
toi qui te moques de moi…car je mets clairement en doute tes absences
régulières.
GUILLAUME. – Mais
enfin, tu n’as pas confiance ?
JEANNE. – Si. Tu étais
avec les Sarrazins à Poitiers aux côtés de Charles Martel. Et moi, j’attends
toujours le nom de ton client.
GUILLAUME. – Elle est
forte, celle-là : c’est toi qui ne réponds pas à ma question.
JEANNE. – Laquelle ?
GUILLAUME. – Que fait
cette tente sur la pelouse ?
JEANNE. – Une tente ?
Serait-ce celle de Charles Martel ou de Henry Sarrasin ?
GUILLAUME. – Tu vois :
tu te moques !
JEANNE. – Une tente :
des visiteurs venus du Moyen Age ?
GUILLAUME. – Laisse
Christian Clavier jouer du piano et réponds : que fait cette tente sur la
pelouse ?
JEANNE. – Clavier est
pianiste ? Curieux : je l’aurais plutôt vu comédien…comme toi.
GUILLAUME. – Réponds :
que fait cette tente sur la pelouse ?
JEANNE. – Ah oui, c’est
vrai : il y a une tente mais c’est moi qui suis dans…l’attente du nom de ton
client.
GUILLAUME. – Mais
pourquoi veux-tu le connaître ?
JEANNE. – Par
curiosité…surtout si c’est une femme.
GUILLAUME. –Rien de
plus normal : diriger une entreprise, ce n’est pas qu’un métier d’homme.
JEANNE. – Une cliente
donc…un joli dossier…pas trop épais…et tu t’étends régulièrement sur le sujet,
je suppose ?
GUILLAUME. – Voilà : tu
supposes, tu te fais des films…
JEANNE. – Avec
Christian Clavier…
GUILLAUME. – Au piano
et cela n’a ni queue ni tête.
JEANNE. – Si : la queue
du piano, c’est un piano à queue, mon chéri.
SCENE 2
INES,
rentrant et s’exprimant avec un accent espagnol.
– Madame…Oh !...excusez-moi. Bonjour Monsieur.
GUILLAUME. – Bonjour.
Qui êtes-vous ?
INES. – Je m’appelle
Inès, je suis la remplaçante de Jeannine. Elle est malade.
JEANNE. – Que
désirez-vous, Inès ?
INES. – Je ne trouve
pas les produits d’entretien.
JEANNE. – Je vous ai
dit que c’était dans le garage.
INES. – Ah oui, c’est
juste. Excusez-moi.
(Elle repart.)
GUILLAUME. – Une bonne
avec un accent étranger : on se croirait dans une pièce de Feydeau.
JEANNE. – Une pièce de
boulevard avec une cocue et des maîtresses ? C’est du vécu.
INES,
revenant. – Madame, comment
va-t-on au garage ?
JEANNE. – C’est la
porte de droite quand on rentre dans le hall.
INES,
repartant. – Merci.
GUILLAUME. – Elle est
polie.
INES,
revenant. – Madame, c’est quoi le
hall ?
JEANNE. – L’entrée de
la maison, le couloir d’entrée.
INES,
repartant. – Merci.
GUILLAUME. – Vraiment
très polie.
JEANNE. – Revenons au
théâtre donc aux maîtresses, à la cocue et au mari coureur de jupons qui se
croyait bien peinard.
INES,
revenant. – Madame, il n’y a pas
de porte à droite dans le hall.
(Elle réfléchit, désigne la direction.)
JEANNE,
s’énervant. – Mais c’est normal :
la droite, c’est en rentrant. Ici, vous êtes à l’intérieur, donc c’est dans
l’autre sens.
GUILLAUME. – C’est à
gauche…(Puis
en aparté.) Logique puisqu’elle a
l’air un peu gauche ou mal…à droite.
INES,
éclatant en sanglots et partant très vite.
– Pardon, madame. Il faut m’excuser : il n’y a que deux ans que je suis en
France, je ne comprends pas tout.
GUILLAUME. – Ne nous
énervons pas.
JEANNE. – C’est toi qui
m’énerves et c’est elle qui écope, la pauvre.
GUILLAUME. – Et comme
dans les pièces de Feydeau, elle n’a pas l’air très futée. Bien, je vais aller
me changer.
JEANNE. – Pour être
peinard ? Non. Tu n’as pas encore répondu à ma question.
GUILLAUME. – Mais
quelle question ?
JEANNE. – A propos de
ta cliente. Comment s’appelle-t-elle ?
GUILLAUME. – Elle…elle
s’appelle madame Leblanc.
JEANNE. – Madame ? Elle
n’a pas de prénom ?
GUILLAUME. – Si mais je
ne l’ai ni tutoyée…
JEANNE. – Ni appelée
par son prénom ?
GUILLAUME. – Non.
JEANNE. – Parce que tu
fais ça à la va-vite : pas de sentiments, pas le temps de s’attacher.
GUILLAUME. –
ça
devient franchement pénible, Jeanne.
JEANNE. – Oui : avec ta
femme. Les moments agréables, c’est avec les autres.
GUILLAUME. – Des
autres, il y en a visiblement sur la pelouse. Qu’y fait cette tente ?
JEANNE. – Puisque tu en
reparles, je suis cette fois dans…l’attente de son prénom.
INES,
revenant en pleurnichant. –
Madame, l’eau, je la prends à la cuisine ?
JEANNE. – Non, Inès,
vous allez en mettre partout. Il y a un robinet dans le garage.
INES,
même
jeu. – Mais j’ai peur de griffer
la voiture. Il n’y a pas beaucoup de place.
JEANNE. – Ce ne sera
pas bien grave : c’est celle de mon mari.
GUILLAUME. – Merci !
JEANNE. – Il rentre
très vite sa voiture dans le garage.
GUILLAUME. – Je ne
devais plus repartir : trois jours dehors, ça me suffit.
JEANNE. – Trois jours
donc un de retard à cause d’une femme sans prénom.
GUILLAUME. – Un prénom,
elle en a un comme tout le monde, comme cette dame devant qui tu nous donnes en
spectacle.
JEANNE. – Un spectacle
de boulevard avec une cocue et des maîtresses et une bonne avec un accent comme
chez Feydeau, c’est ça ?
INES. – Mais je ne
m’appelle pas Feydeau, je m’appelle Ramone, Inès Ramone.
GUILLAUME. – Eh bien,
pour faire l’entretien, ce sera parfait. On dira Inès Ramone, même quand vous
ferez autre chose.
INES. – Quand je ferai
quoi ?
GUILLAUME. – Quand vous
frotterez par exemple. On dira : même si elle frotte, Inès ramone.
JEANNE. – Ne l’écoutez
pas, Inès, il se moque de vous.
GUILLAUME. – Mais je ne
me moque pas. Et près de la cheminée, on dira : Inès ramone.
JEANNE,
à
Inès. – Il continue.
GUILLAUME. – Et quand
elle fera l’entretien de la chaudière, on dira aussi Inès ramone
JEANNE,
à
Guillaume. – Vas-tu cesser ce jeu
stupide, oui ou non ?
GUILLAUME,
à
Jeanne. – Mais c’est toi qui me
parles de théâtre de boulevard. On est en plein dedans avec Inès Ramone.
INES. – Mais c’est mon
nom de jeune fille comme vous dites. Mon mari est Français, il s’appelle Pierre
Perret comme le chanteur.
GUILLAUME. – Mais c’est
inespéré ce que vous nous dites là.
INES. – Oui, je
m’appelle Inès Perret puisque mon mari s’appelle Perret.
GUILLAUME. – Comme
Pierre.
(A Jeanne.).
Elle va bientôt nous chanter « Le zizi ».
JEANNE. – Parlons-en du
zizi, de ton zizi.
INES. – Un zizi, c’est
quoi un zizi ?
JEANNE,
s’énervant. – Mais en voilà des
questions, allez chercher votre eau au garage.
GUILLAUME. – Un zizi
dans une histoire d’eau : du Feydeau…transposé au cinéma.
INES. – Mais j’ai peur
de griffer la voiture.
GUILLAUME,
ironique. – Ce n’est pas grave
puisque c’est la mienne. Mais j’ai confiance en vous, Inès Perret.
INES,
se
remettant à pleurnicher. – Mais
ce ne sera bientôt plus Inès Perret parce que mon mari m’a quittée.
JEANNE,
en
aparté. – Je commence à
comprendre pourquoi.
(A Inès.)
Allez travailler maintenant, Inès Perret née Ramone.
INES. – Née Ramone ?
GUILLAUME. – Cela veut
dire qu’avant de vous appeler Perret, vous vous appeliez Ramone.
INES. – Mais je
m’appelle encore Ramone.
GUILLAUME. – Je sais.
Je me suis mal exprimé. Mais vous ne savez vraiment pas ce qu’est un zizi ?
INES. – Il n’y a que
deux ans que je parle le français. Je ne comprends pas tout.
JEANNE. – Et ça vaut
mieux. Allez travailler.
GUILLAUME. –
Remarquez que vous avez de la chance : Pierre Perret aurait pu donner un autre
titre à sa chanson.
INES. – Un autre
titre ?
GUILLAUME. – Oui : « La
quéquette », par exemple.
JEANNE. –
ça
suffit, tu ne fais que l’embrouiller ! Laisse-la aller travailler.
GUILLAUME. – Soit.
Laissons-la vaquer à ses occupations alors.
INES. – Vaquer ?
JEANNE,
à
Guillaume. – Arrête de te moquer
d’elle.
GUILLAUME,
à Jeanne. – Mais je ne me moque
pas.
INES. – Madame, je…
JEANNE. – Oui, je sais,
Inès, vous n’avez pas compris mais ce n’est pas grave, allez travailler.
INES,
sortant. – Oui, Madame.