BIENVENUE SUR LE SITE DE PHILIPPE DANVIN, AUTEUR DRAMATIQUE

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SC. 1 : Nicolas et Sylvie   Revenir à la pièce

NICOLAS, rentrant. – Mais nous sommes le 14 février !

SYLVIE, le suivant. – Et alors ?

NICOLAS. – C’est la Saint-Valentin !

SYLVIE. – Et alors ?

NICOLAS. – Arrête de répéter “Et alors ? “!

SYLVIE. – Moi, j’ai répété “Et alors ?”, et alors ?

NICOLAS. – Tu me provoques, Sylvie, tu te fous de moi.

SYLVIE. – Moi ? Mais non, mon chéri.

NICOLAS. – Mon chéri ? Alors que tu m’annonces que tu veux divorcer…le 14 février ?

SYLVIE. – J’aime bien te taquiner, Nicolas.

NICOLAS. – Ah, c’est…c’est une taquinerie ? Tu n’étais donc pas sérieuse ?

SYLVIE. – Mais si, je suis sérieuse. Alors, je te taquine en m’appelant “Mon chéri”.

NICOLAS. – Si tu es sérieuse, arrête de me taquiner. L’idée de divorcer ne me fait pas rire.

SYLVIE. – Moi si, ça met du piment.

NICOLAS. – Du piment ? Tu sais bien, Sylvie, que je n’aime pas manger très épicé.

SYLVIE. – Apprends : ce qui est fade ne mérite pas d’être vécu.

NICOLAS. – Je n’ai pas envie d’entendre tes propos philosophiques.

SYLVIE. – Dire que ce qui est fade ne mérite pas d’être vécu, c’est de la philosophie ?

NICOLAS. – Je ne pense pas que ce soit de la cuisine.

SYLVIE. – Si, Nicolas : de la cuisine intérieure…fade…sans piment…intérieur puisqu’il y a du piment extérieur.

NICOLAS. – Comment ça : du piment extérieur ?

SYLVIE. – Tu manges fade ici, tu pimentes ailleurs.

NICOLAS, décontenancé. – Je…je pimente ailleurs ?

SYLVIE. – Une pincée çà et là.

NICOLAS, même jeu. – Une pincée ?

SYLVIE. – Une pincée d’infidélité : une maîtresse par-ci, une maîtresse par là.

NICOLAS, même jeu. – Mais…mais qu’est-ce que tu racontes ?

SYLVIE. – Je raconte ta vie : aujourd’hui, Alice. Hier : Carole. Avant-hier : Marianne.

NICOLAS. – Une par jour : tu me prêtes une fameuse santé.

SYLVIE. – On ne prête qu’aux riches, à ceux qui en ont beaucoup.

NICOLAS. – Beaucoup d’argent ?

SYLVIE. – Beaucoup de maîtresses.

NICOLAS. – Tu fabules. Je ne t’ai jamais trompée.

SYLVIE. – Mais c’est qu’il a l’air d’y croire.

NICOLAS. – Mais évidemment que j’y crois.

SYLVIE. – Collectionneur…et mythomane.

SCENE 2 : NICOLAS, SYLVIE et ANGELIQUE

 

ANGELIQUE, rentrant. – Veuillez m’excuser, Maître, mais je vous avais posé une question et vous ne m’avez pas répondu.

NICOLAS. – Je… je n’ai pas répondu ?

ANGELIQUE. – Et madame Lenoir attend. Elle voudrait que vous reportiez son rendez-vous.

NICOLAS. – Eh bien, reportez-le.

ANGELIQUE. – A la semaine prochaine.

NICOLAS. – A la semaine prochaine, Angélique ? Vous partez déjà en week-end ? Mais il n’est que onze heures trente.

ANGELIQUE. – Mais non, je ne pars pas déjà en week-end. Elle veut reporter son rendez-vous à la semaine prochaine.

SYLVIE, ironique. – Mais oui, enfin, tu n’avais pas compris, Nicolas…mon chéri ?

ANGELIQUE. – Voilà, vous n’aviez pas compris, mon ch…heu…Maître.

NICOLAS. – Non…Je n’avais pas saisi. (Regardant Sylvie.) J’ai d’autres soucis en tête.

ANGELIQUE. – Alors, que dois-je lui dire ?

NICOLAS. – Regardez l’agenda et fixez-lui rendez-vous mais pour la semaine prochaine, ça me semble compliqué.

ANGELIQUE. – Donc je lui dis que c’est compliqué ?

NICOLAS. – Mais je vous ai dit de regarder l’agenda.

SYLVIE. – Mais oui, regardez l’agenda, Angélique, pour voir s’il n’y a pas de possibilité pour la semaine prochaine.

ANGELIQUE. – Bien, Madame. (Elle ne bouge pas.)

NICOLAS, à Angélique. – Elle attend.

ANGELIQUE. – Qui ?

SYLVIE. – Madame Lenoir, Angélique.

ANGELIQUE. – Elle attend ?

NICOLAS. – Mais oui : au téléphone.

ANGELIQUE. – Ah oui, j’oubliais.

NICOLAS. – Alors, allez-y. Pronto !

ANGELIQUE. – Pronto ?

SYLVIE. – Rapidement. Elle attend.

ANGELIQUE. – C’est juste. Je m’excuse. (Elle repart.)

NICOLAS. – Elle n’a pas inventé l’eau chaude, celle-là.

SYLVIE. – Ni le fil à couper le beurre. Je me demande sur quels critères tu l’as engagée… mon chéri… Des critères cu…linaires, peut-être ?

NICOLAS. – Cu…linaires ?

SYLVIE. – Oui, à base de piment, de cuisine pimentée, mon lapin, mon chaud lapin.

NICOLAS. – Chaud lapin ? Me voilà transformé en civet à présent…mais un civet auquel je ne goûte que très modérément, Sylvie.

SYLVIE. – Tu y as pourtant souvent mordu à pleines dents, mon chaud lapin, dans ces lapines.

ANGELIQUE, revenant. – Je m’excuse.

NICOLAS. – Que se passe-t-il encore ?

ANGELIQUE. – J’ai oublié ce que je devais dire.

SYLVIE. – Vous devez regarder s’il est possible de reporter son rendez-vous à la semaine prochaine.

NICOLAS. – Mais ça me paraît mal barré.

ANGELIQUE. – Mal barré ? Je dois la barrer dans l’agenda ?

SYLVIE. – Mais non ! Qui vous a dit ça ?

ANGELIQUE. – Mais c’est vous, ché…heu Maître.

NICOLAS. – Je ne vous ai rien dit de tel.

ANGELIQUE. – Mais si, je vous assure.

SYLVIE. – Il vous a dit que c’était mal barré : c’est différent.

NICOLAS. – Mal barré, c’est une expression, Angélique.

ANGELIQUE. – Une expression ?

SYLVIE. – Il a voulu dire par là qu’il y avait peu de chances qu’on puisse reporter son rendez-vous à la semaine prochaine.

ANGELIQUE. – Donc je ne dois pas la barrer, la supprimer dans l’agenda ?

NICOLAS. – Non : vous consultez l’agenda et vous lui refixez un autre rendez-vous.

SYLVIE. – C’est ce qu’on essaie de vous expliquer depuis cinq minutes.

NICOLAS. – Donc il y a au moins cinq minutes qu’elle attend au téléphone pour que vous lui répondiez. Allez-y.

ANGELIQUE. – Pardon. Veuillez m’excuser mais je n’avais pas bien compris. (Elle sort.)

SYLVIE. – ça, on l’avait remarqué.

NICOLAS. – Si tu avais décroché toi-même, Sylvie, puisque tu es employée au secrétariat aussi, on n’en serait pas là.

SYLVIE. – Pourquoi « employée au secrétariat aussi » ?

NICOLAS. – Tu n’es pas seulement mon épouse, tu travailles aussi à mi-temps à l’étude.

SYLVIE. – J’y travaille aussi, oui, comme tes deux autres clercs. Mais voilà, au lieu de décrocher, j’ai demandé à te parler en particulier.

NICOLAS. – Alors que nous avions toute l’après-midi pour ça puisque tu m’as demandé de fermer l’étude à midi.

SYLVIE. – Pour mieux fêter la Saint-Valentin par un déjeuner en amoureux…mon chéri.

NICOLAS. – Tu parles d’une Saint-Valentin ! Tu m’annonces que tu veux divorcer.

ANGELIQUE, revenant. – Excusez-moi, Maître, mais Nadine me dit que je dois quand même barrer madame Lenoir dans l’agenda demain.

NICOLAS. – Si vous lui refixez un rendez-vous dans une semaine, oui.

ANGELIQUE. – Mais vous m’aviez dit le contraire.

NICOLAS. – Mais non.

SYLVIE. – Je pense que si.

NICOLAS, à Sylvie. – Tu ne vas t’y mettre, toi aussi ? (Puis à Angélique.) Et vous, allez répondre au téléphone…si vous avez enfin compris.

ANGELIQUE. – Je pense que oui, Maître. (Elle repart au bureau.)