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4H,5F 5 H, 5 F Distribution modulable pour troupe Pièces pour jeunes Liste des pièces
SC. 1 : Pierre, Evelyne et Marie Revenir à la pièce
(Au
lever du rideau, les spectateurs découvrent un curé dansant et chantant sur une
musique entraînante.)
EVELYNE,
rentrant et coupant la radio.
– Tu as eu de la chance que ce n’était pas moi à la réception.
PIERRE,
la suivant.
– Tu ne m’aurais pas donné une chambre ?
EVELYNE. – Non,
Pierre. En plus, tu arrives déguisé en curé.
PIERRE. – Mais,
Evelyne, ma chérie, je croyais que tu aimais les déguisements.
EVELYNE. –
Seulement quand nous sommes dans l’intimité.
PIERRE. – Hm !
J’espère que nous pourrons connaître de tels moments ici.
EVELYNE. – Tu
rêves : je ne prendrai jamais ce genre de risques et c’est un hôtel sérieux.
PIERRE. – Hôtel
sérieux mais petit.
EVELYNE. –
Petit certes
mais hôtel quand même, mon hôtel.
PIERRE. – Il n’y
a que huit chambres dont certaines sont inoccupées, la réceptionniste me l’a
dit.
EVELYNE. – Elle
n’a pas à faire de commentaires la réceptionniste, surtout qu’elle n’est pas que
réceptionniste, la réceptionniste.
MARIE,
rentrant.
– Je reviens parce que j’ai oublié la liste des courses.
EVELYNE. – Comme
c’est étonnant, Marie. Vous les cumulez encore aujourd’hui.
MARIE. – Vous
dites ça parce que j’ai oublié de monter le petit-déjeuner de la chambre six ?
EVELYNE. – Entres
autres, oui.
PIERRE. – Ce
n’est pas un péché très grave.
MARIE,
souriant.
– En tout cas pas assez pour me confesser. Et pourtant, il faudrait. Vous ne
devinerez jamais que…
EVELYNE. – Je ne
tiens pas à entendre l’énumération de vos frasques. (Marie
regarde ses vêtements.)
Non, cela ce sont vos fringues. Vos frasques…
PIERRE. – Disons
que ce sont vos péchés.
MARIE,
souriant à nouveau.
– Un jour à l’église, je…
EVELYNE. – Je me
moque de ce qu’il s’est passé à l’église. Allez remettre la main sur votre
liste.
MARIE. – Où
l’ai-je mise ? Où étions-nous quand vous me l’avez dictée ?
EVELYNE. – Dans
la cuisine.
MARIE. – C’est
juste et elle n’était pas longue. Je vais voir si je la retrouve sinon vous me
la redicterez. Vous aimez bien me dicter…
EVELYNE. – Je me
passerai de vos remarques. Filez et retrouvez cette liste.
MARIE. – Bien,
Madame. (Elle sort.)
EVELYNE. – Elle
n’arrête pas de faire des commentaires.
PIERRE. –
Effectivement et c’est comme ça que je sais que certaines chambres sont libres.
EVELYNE. – Parce
qu’une cliente a loué les 4 du deuxième étage et celle du premier qui se trouve
en-dessous de la sienne.
PIERRE. – Pour
elle toute seule ? Pourquoi ?
EVELYNE. – Parce
qu’elle a peur, Pierre.
PIERRE. – Peur de
quoi ?
EVELYNE. – Michel
m’a dit qu’elle était agoraphobe.
PIERRE. –
Agoraphobe ?
EVELYNE. – Des
gens ont des peurs, des phobies. Chez elle, c’est la peur de la foule.
PIERRE. – Jamais
entendu parler de ça.
EVELYNE. – Eh
bien ça existe.
PIERRE. – Si
c’est Michel, ton médecin de mari qui l’a dit, faisons-lui confiance.
EVELYNE. – Et si
mon médecin de mari te trouve ici, cela fera des étincelles. Alors, repars.
MARIE,
revenant.
– Je repars.
EVELYNE. – C’est
ça et faites diligence.
MARIE. – Faites
diligence ?
EVELYNE. – Faites
vite. Vous ne savez pas ce que c’est que faire diligence ?
PIERRE. – La
diligence était souvent attaquée par les Indiens. Si vous voyez des flèches,
baissez donc la tête.
MARIE. – Pourquoi
est-ce que je baisserais la tête ?
(Puis en aparté.)
Il n’a pas toutes les frites dans le même paquet, celui-là.
EVELYNE. –
Allez-y tête baissée ou droite mais allez-y maintenant.
PIERRE. – Et sans
crainte : chez nous, les Indiens sont une espèce en voie de disparition.
MARIE,
le dévisageant.
– C’est comme les curés.
EVELYNE,
choquée.
– Oh ! Mais arrêtez de faire des commentaires. Vos courses vous attendent.
MARIE. – Je serai
vite revenue : la liste est petite donc je mets le cap sur l’épicerie de
Fernande. Vous savez ce que chante toujours son mari ?
(Elle commence à chanter.) Quand
je pense à Fernande, je…
EVELYNE,
sèchement.
– …bande tous mes muscles pour courir vers l’épicerie. Sortez.
PIERRE,
en aparté.
– Moi, ce ne sont pas tous mes muscles, un seul suffit.
EVELYNE,
même jeu.
– Sortez sinon je vous mets à la porte.
MARIE. – Mais
c’est deux fois la même chose, vous ne savez plus ce que vous dites.
EVELYNE,
même jeu.
– Comment ça je ne sais plus ce que je dis ?
MARIE. – Non :
sortir et être à la porte, c’est la même chose.
PIERRE. – Allez,
on se calme. Partez maintenant, Fernande vous attend.
MARIE. – Oui, à
cette heure-ci, il n’y aura pas foule. Heureusement, d’ailleurs, parce que je
n’aime pas quand il y a beaucoup de monde.
PIERRE. – Donc,
ça tombe bien, vous saluerez les autres agoraphobes pour nous.
MARIE,
perplexe.
– Les quoi ? Comment savez-vous qu’ils ont des chats angoras ?
PIERRE. – Je ne
vous parle pas de chats angoras, je vous parle des agoraphobes.
EVELYNE. – Et je
vous expliquerai plus tard ce que c’est. Pour la dernière fois, sortez.
MARIE. – Oui,
parce que je n’ai pas tout compris…surtout la fin avec les chats angoras de
Fernande. (Elle sort.)