BIENVENUE SUR LE SITE DE PHILIPPE DANVIN, AUTEUR DRAMATIQUE

Vous recherchez: 1H, 1F      1H, 2F ou 2H, 1 F      2 H, 2 F    2 H, 3 F    2H,4F  2 H, 5 F    Au moins 2 H sur 11   

3 H et/ou 3 F       3 H, 4 F      3H,5F    3H, 6F   Au moins 3 H sur 14    4 H, 3 F     4 H, 4 F     

4H,5F    5 H, 5 F       Distribution modulable pour troupe   Pièces pour jeunes    Liste des pièces

Accueil    Liens   

Demandez une pièce ici.

SC. 1 : Pierre, Evelyne et Marie   Revenir à la pièce

(Au lever du rideau, les spectateurs découvrent un curé dansant et chantant sur une musique entraînante.)

EVELYNE, rentrant et coupant la radio. – Tu as eu de la chance que ce n’était pas moi à la réception.

PIERRE, la suivant. – Tu ne m’aurais pas donné une chambre ?

EVELYNE. – Non, Pierre. En plus, tu arrives déguisé en curé.

PIERRE. – Mais, Evelyne, ma chérie, je croyais que tu aimais les déguisements.

EVELYNE. – Seulement quand nous sommes dans l’intimité.

PIERRE. – Hm ! J’espère que nous pourrons connaître de tels moments ici.

EVELYNE. – Tu rêves : je ne prendrai jamais ce genre de risques et c’est un hôtel sérieux.

PIERRE. – Hôtel sérieux mais petit.

EVELYNE. – Petit certes mais hôtel quand même, mon hôtel.

PIERRE. – Il n’y a que huit chambres dont certaines sont inoccupées, la réceptionniste me l’a dit.

EVELYNE. – Elle n’a pas à faire de commentaires la réceptionniste, surtout qu’elle n’est pas que réceptionniste, la réceptionniste.

MARIE, rentrant. – Je reviens parce que j’ai oublié la liste des courses.

EVELYNE. – Comme c’est étonnant, Marie. Vous les cumulez encore aujourd’hui.

MARIE. – Vous dites ça parce que j’ai oublié de monter le petit-déjeuner de la chambre six ?

EVELYNE. – Entres autres, oui.

PIERRE. – Ce n’est pas un péché très grave.

MARIE, souriant. – En tout cas pas assez pour me confesser. Et pourtant, il faudrait. Vous ne devinerez jamais que…

EVELYNE. – Je ne tiens pas à entendre l’énumération de vos frasques. (Marie regarde ses vêtements.) Non, cela ce sont vos fringues. Vos frasques…

PIERRE. – Disons que ce sont vos péchés.

MARIE, souriant à nouveau. – Un jour à l’église, je…

EVELYNE. – Je me moque de ce qu’il s’est passé à l’église. Allez remettre la main sur votre liste.

MARIE. – Où l’ai-je mise ? Où étions-nous quand vous me l’avez dictée ?

EVELYNE. – Dans la cuisine.

MARIE. – C’est juste et elle n’était pas longue. Je vais voir si je la retrouve sinon vous me la redicterez. Vous aimez bien me dicter…

EVELYNE. – Je me passerai de vos remarques. Filez et retrouvez cette liste.

MARIE. – Bien, Madame. (Elle sort.)

EVELYNE. – Elle n’arrête pas de faire des commentaires.

PIERRE. – Effectivement et c’est comme ça que je sais que certaines chambres sont libres.

EVELYNE. – Parce qu’une cliente a loué les 4 du deuxième étage et celle du premier qui se trouve en-dessous de la sienne.

PIERRE. – Pour elle toute seule ? Pourquoi ?

EVELYNE. – Parce qu’elle a peur, Pierre.

PIERRE. – Peur de quoi ?

EVELYNE. – Michel m’a dit qu’elle était agoraphobe.

PIERRE. – Agoraphobe ?

EVELYNE. – Des gens ont des peurs, des phobies. Chez elle, c’est la peur de la foule.

PIERRE. – Jamais entendu parler de ça.

EVELYNE. – Eh bien ça existe.

PIERRE. – Si c’est Michel, ton médecin de mari qui l’a dit, faisons-lui confiance.

EVELYNE. – Et si mon médecin de mari te trouve ici, cela fera des étincelles. Alors, repars.

MARIE, revenant. – Je repars.

EVELYNE. – C’est ça et faites diligence.

MARIE. – Faites diligence ?

EVELYNE. – Faites vite. Vous ne savez pas ce que c’est que faire diligence ?

PIERRE. – La diligence était souvent attaquée par les Indiens. Si vous voyez des flèches, baissez donc la tête.

MARIE. – Pourquoi est-ce que je baisserais la tête ? (Puis en aparté.) Il n’a pas toutes les frites dans le même paquet, celui-là.

EVELYNE. – Allez-y tête baissée ou droite mais allez-y maintenant.

PIERRE. – Et sans crainte : chez nous, les Indiens sont une espèce en voie de disparition.

MARIE, le dévisageant. – C’est comme les curés.

EVELYNE, choquée. – Oh ! Mais arrêtez de faire des commentaires. Vos courses vous attendent.

MARIE. – Je serai vite revenue : la liste est petite donc je mets le cap sur l’épicerie de Fernande. Vous savez ce que chante toujours son mari ? (Elle commence à chanter.) Quand je pense à Fernande, je…

EVELYNE, sèchement. – …bande tous mes muscles pour courir vers l’épicerie. Sortez.

PIERRE, en aparté. – Moi, ce ne sont pas tous mes muscles, un seul suffit.

EVELYNE, même jeu. – Sortez sinon je vous mets à la porte.

MARIE. – Mais c’est deux fois la même chose, vous ne savez plus ce que vous dites.

EVELYNE, même jeu. – Comment ça je ne sais plus ce que je dis ?

MARIE. – Non : sortir et être à la porte, c’est la même chose.

PIERRE. – Allez, on se calme. Partez maintenant, Fernande vous attend.

MARIE. – Oui, à cette heure-ci, il n’y aura pas foule. Heureusement, d’ailleurs, parce que je n’aime pas quand il y a beaucoup de monde.

PIERRE. – Donc, ça tombe bien, vous saluerez les autres agoraphobes pour nous.

MARIE, perplexe. – Les quoi ? Comment savez-vous qu’ils ont des chats angoras ?

PIERRE. – Je ne vous parle pas de chats angoras, je vous parle des agoraphobes.

EVELYNE. – Et je vous expliquerai plus tard ce que c’est. Pour la dernière fois, sortez.

MARIE. – Oui, parce que je n’ai pas tout compris…surtout la fin avec les chats angoras de Fernande. (Elle sort.)