BIENVENUE SUR LE SITE DE PHILIPPE DANVIN, AUTEUR DRAMATIQUE

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SCENE 1 : JULES, RAYMOND et UN HOMME                 Revenir aux pièces pour jeunes

(Un commissariat de police. Un policier, Jules, rentre en scène, tenant un journal à la main.)

JULES – Après une tasse de café, rien de tel qu’un peu de lecture. Dix heures déjà et toujours aucune plainte, nous sommes partis pour une journée tranquille comme je les aime. (Il s’installe au bureau et ouvre son journal.) Alors, en politique, comme d’habitude, on parle pour ne rien dire…les faits divers : accidents de voiture, du boulot pour les carrossiers et les assureurs…Passons aux choses sérieuses : les nouvelles sportives. 

(Un homme fait soudain irruption et s’adresse très énervé à Jules.)

L’ HOMME – Vite ! Vite ! Police ! Police !

JULES – Quoi vite ? Mais vous y êtes à la police !

L’ HOMME (empoignant le policier) – Mais vite ! Vite !

JULES – Mais lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi ou j’appelle la police !

L’ HOMME – Mais c’est vous la police !

JULES (étonné) – C’est moi la police ? Ah oui, c’est vrai ! Oui, eh bien ! calmez-vous ou j’appelle mes collègues.

L’ HOMME – Mais appelez-les alors vos collègues pour retrouver mes voleurs ! (Il l’empoigne à nouveau.)

JULES – A l’ aide ! A l’aide ! Police ! Police ! Raymond, viens vite !

RAYMOND – Jules, qu’est-ce qui t’arrive ? Lâchez Jules, vous ! lâchez Jules ! vous entendez : lâchez-le ! (Il empoigne l’homme et le fait s’asseoir.) Et calmez-vous sinon je vous mets au trou.

L’ HOMME – Mais c’est mon voleur qu’on doit mettre au trou, pas moi, c’est le monde à l’envers !

RAYMOND – C’est peut-être le monde à l’envers mais si vous ne vous calmez pas, c’est pourtant ce qui va vous arriver. Alors, que se passe-t-il ?

L’ HOMME – On m’a volé mes douze voitures.

JULES – Vous êtes milliardaire ?

L’ HOMME – Milliardaire ? Est-ce que je vous demande combien vous gagnez d’euros par mois ?

RAYMOND – Ici, c’est nous qui posons les questions. Répondez à mon collègue sans faire d’histoire.

L’ HOMME – Je ne fais pas d’histoire non plus. Non, je ne suis pas milliardaire, je travaille à l’usine et je ne suis pas le P.-D.-G. !

JULES – Soit ! Votre nom ?

RAYMOND – Oui, votre nom et en vitesse.

L’ HOMME – Fer.

JULES – Quoi, fer ?

L’ HOMME – Vous me demandez mon nom, je vous le donne : Fer. Je m’appelle Fer.

RAYMOND – Vous vous appelez Fer ?

L’ HOMME – Et alors, c’est interdit ?

RAYMOND – Non. Prénom ?

L’ HOMME – Harry.

JULES et RAYMOND (en chœur) – Vous vous appelez Fer Harry ?

L’ HOMME – Et alors ?

RAYMOND – Vous vous foutez de nous ?

L’ HOMME (énervé) – Oui…enfin, non, évidemment. Vous me faites dire n’importe quoi !

JULES – C’est plutôt vous qui dites n’importe quoi. Vous vous appelez Fer Harry ?

L’ HOMME – Mais oui !

RAYMOND – Ben voyons ! Et moi, je m’appelle Schumacher et je suis champion du monde !

JULES – T’énerve pas, Raymond.

RAYMOND – Mais je ne m’énerve pas, je n’ai jamais été aussi calme.

JULES – Bien, vous vous appelez donc Fer Harry…ou disons plutôt Harry Fer et on vous aurait volé douze voitures, c’est ça ?

L’ HOMME – Pas « on m’aurait volé », on m’a volé.

RAYMOND – O.K., O.K…et que vous a-t-on volé comme voitures ?

L’ HOMME – Deux Rolls, deux Jaguar, deux…

RAYMOND – Stop ! Procédons par ordre, Monsieur qui travaille à l’usine sans être P.-D.-G. et milliardaire…

L’ HOMME – Mais vous vous moquez de moi ! Je vais aller me plaindre.

JULES – Pas la peine, c’est ce que vous êtes en train de faire.

RAYMOND – Procédons donc par ordre : deux Rolls. Couleur ?

L’ HOMME – Quoi, couleur ?

JULES (se relevant et s’emportant) – Raymond te demande leur couleur, t’as pas entendu : leur couleur !

RAYMOND –T’énerve pas, Jules !

JULES – T’en fais pas, Raymond ! J’ai jamais été aussi calme (Il respire profondément.) 

RAYMOND (à l’homme) – Vous, je vous tiens personnellement responsable de la santé de mon collègue !

JULES – T’en fais pas, ça va aller, Raymond, ça va aller ! (Il va s’asseoir en titubant.)

RAYMOND – Mais non ! je vois bien que ça ne va pas ! Et tout ça à cause de ce débile, j’vais m’le faire ! j’vais m’le faire !

L’ HOMME – Fer, Harry Fer, parfaitement !

RAYMOND (hors de lui) – Je me le fais, je me le fais ! (Il empoigne l’homme. Jules s’est relevé et le retient.)

JULES – Calme-toi, Raymond, calme-toi, ça va mieux, ça va mieux ! (Raymond relâche l’homme.)

RAYMOND (à Jules) – Tu veux que j’aille te chercher un petit remontant ?

L’ HOMME – Et pendant ce temps-là, qu’est-ce qu’on fait pour mon voleur, hein ? Qu’est-ce qu’on fait ?

RAYMOND (à Jules) – Jules, tu ne diras rien, n’est-ce pas ? Tu ne diras rien mais je vais me le faire, je vais me le faire !

L’ HOMME – Fer, Harry Fer, parfaitement !

RAYMOND – Toi, après le traitement que je te réserve, ce n’est à une Ferrari mais à une deux chevaux désossée que tu vas ressembler !

JULES – Calme-toi, Raymond. Pas de bavure, surtout pas de bavure.

RAYMOND – Mais Jules, ce n’est plus ça une bavure, c’est de la légitime défense, t’entends, c’est de la légitime défense !

JULES – Calme-toi, Raymond, on va se faire muter si tu ne te calmes pas, on va se faire muter.

L’ HOMME - Si vous ne faites rien pour retrouver mon voleur, c’est moi qui vais vous faire muter, j’ai le bras long, vous verrez, j’ai le bras long.

RAYMOND – Et moi, j’ai le direct facile. Je vais t’allonger, t’as compris : j’vais t’allonger. (Puis à Jules.) Je vais m’le faire, Jules, je vais m’le faire, c’est de la légitime défense. Mieux, on me donnera une médaille, Jules, on me donnera une médaille !

JULES – Calme-toi, Raymond, calme-toi, sinon on va se faire muter, on va se faire muter. Tu veux bien faire plaisir à ton copain Jules, n’est-ce pas Raymond ?

RAYMOND – Je ferai tout ce que tu veux, Jules, mais après lui avoir réglé son compte, d’accord ?

JULES – Non, Raymond, non ! Tu vas me faire le plaisir de retourner dans ton bureau pendant que je termine avec lui. Raymond, je t’en conjure, pense à ta carrière, pense à la mienne.

L’ HOMME – Et à mes voitures, vous y pensez à mes voitures ?

RAYMOND – Je ne fais que ça : au moins, elles, elles ont un pare-choc. Toi, t’en as pas, mon gars. Fer Harry, tu vas ressembler à une deux chevaux juste bonne à la casse.

JULES – Raymond, pas de bavure, je t’en prie, il ne demande que ça ! Pense à nos carrières.

RAYMOND – J’m’en fous.

JULES – Pense à ton ulcère alors, Raymond ! On n’a qu’une santé : retourne dans ton bureau.

RAYMOND – J’ai mal à l’estomac, le mal est fait, Jules.

JULES – Pense à ton vélo alors Raymond, tu les aimes tant tes balades en vélo du dimanche matin.

L’ HOMME – Et mes voitures, vous y pensez à mes voitures ?

JULES – Vous, taisez-vous sinon je lâche Raymond ! Il fait du judo et de la boxe française. Il est pire qu’un pit-bull. (Ensuite vers Raymond.) Allez Raymond, toi qui es un mordu de la bicyclette, pense à tes randonnées, va dans le petit bureau, va respirer à fond, va te calmer.

L’ HOMME – C’est ça, il ira se calmer et pendant ce temps-là, on ne fait rien pour retrouver mon voleur.

RAYMOND – Jules, laisse-moi lui refaire le portrait, on demandera un devis après.

JULES – Non, Raymond, non ! on va le mettre au frais, le temps de se calmer, tu veux bien dis, tu veux bien ?

L’ HOMME – Le mettre au frais, qu’est-ce que vous voulez dire par là ?

JULES – On va te mettre à l’ombre, mon petit père, le temps d’enregistrer ta plainte.

L’ HOMME – Non mais ça ne va pas ! On met les volés en prison et les voleurs peuvent courir, c’est ça ?

RAYMOND – C’est ça, Monsieur le milliardaire, t’as tout compris !

JULES – Et tu pourras même appeler ton avocat. Il viendra payer ta caution de dix mille euros. (Ils l’empoignent et l’entraînent.)

L’ HOMME – Mais vous êtes fou, vous êtes complètement fou ! Police, appelez la police !

RAYMOND – Eh bien, tu tombes bien, c’est nous la police.

JULES – T’es sauvé, mon gars, t’es sauvé !

L’ HOMME – Police ! Police ! Appelez la police !

JULES – N’aie pas peur, Fer Harry, on est là, on est là !

L’ HOMME – Lâchez-moi, lâchez-moi !

RAYMOND – Seulement quand tu seras au frais, mon p’tit père, seulement quand tu seras au frais !

JULES – T’avais raison, Raymond, c’est de la légitime défense.

(Ils l’ont entraîné et sortent.)

 SCENE 2 : UNE FEMME et RAYMOND

 (Raymond revient peu après.)

RAYMOND – Quelle histoire ! Alors qu’il ne s’était rien passé depuis ce matin. Enfin, Henri aura tout entendu avec cette cloison si mince…Incroyable, tout bonnement incroyable mais au garage, Fer Harry, au garage ! (Il s’assied, se met à écrire. Une femme assez âgée et très timide fait son entrée. Elle porte des lunettes noires et ne dit rien. Au bout d’un moment, Raymond remarque sa présence.)

 RAYMOND (l’apercevant) – Il y a longtemps que vous êtes là ?

MADELEINE – Euh…non !

RAYMOND – Qu’est-ce qui se passe ?

MADELEINE – Je...je...je...

RAYMOND – Vous...vous...vous ?

MADELEINE – Je... je voudrais déposer une plainte.

RAYMOND – Déposer plainte ? Pourquoi pas ? Vous n’êtes pas la femme d’ Harry Fer, par hasard ?

MADELEINE – De...de qui ?

RAYMOND – Harry Fer, Fer Harry si vous préférez !

MADELEINE – Ferrari ? La voiture ?

RAYMOND – Quoi, la voiture ?

MADELEINE – Mais vous me dites Ferrari !

RAYMOND – Mais pas la voiture ! Fer Harry, l’autre débile à qui on a volé ses voitures.

MADELEINE – Mais ne vous fâchez pas ! (Elle se met à pleurer.)

RAYMOND – Mais vous n’allez pas vous mettre à pleurer comme une Madeleine, maintenant ! Comment vous appelez-vous ?

MADELEINE – Madeleine, justement ! (Elle pleure de plus belle.)