BIENVENUE SUR LE SITE DE PHILIPPE DANVIN, AUTEUR DRAMATIQUE

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Acte 2, SCENE 4 : MARIE, JACQUES, SIMON et ALINE puis FRANçOIS et JULIE  (revenir à la pièce)

(Simon et Aline sortent de la cuisine.)

SIMON – Tiens ! monsieur Houille, vous êtes revenu ?

JACQUES (embarrassé) – Heu…oui…je suis un type sur le retour. (Il sourit.)

SIMON – Vous êtes un vrai pince-sans-rire, monsieur Houille.

ALINE – Un pince quoi ?

MARIE – Je t’expliquerai, Aline. (puis à Jacques) Madame est une spécialiste qui s’est occupée de la préparation de nos deux patients.

ALINE – Bonsoir. Enchantée, monsieur Aïe.

JACQUES – Houille, madame, Houille, Jacques Houille.

MARIE (à Simon) - Monsieur Houille est revenu parce qu’il avait encore des choses à nous dire.

SIMON (tout sourire) – Eh bien, vous pourrez nous parler, je prendrai le temps qu’il faut pour vous écouter.

MARIE (à Jacques, désignant Aline) – Madame a mis au point une technique révolutionnaire pour la psychanalyse.

ALINE – La psycha quoi ?

SIMON (riant) – La psychanalyse !  Elle veut nous faire croire qu’elle ignore ce qu’est la psychanalyse.

ALINE – Mais comme un patient ne peut pas assister à la consultation d’autres patients, vous allez devoir nous quitter, c’est bête !

SIMON (l’entraînant pour lui parler en aparté) – Vous les collectionnez ! c’est vous qui êtes bête. Vous n’avez décidément rien compris, il doit absolument rester.

JACQUES (en aparté) – Mince ! Il faut pourtant que je trouve un prétexte pour rester.

ALINE (en aparté, à Simon) – Je suis désolée, chef. Pardonnez-moi.

JACQUES (dont le visage s’éclaire.) -  Mais…je…je suis huissier de justice…il faut que je reste pour être le témoin de votre expérience, je pourrai en attester officiellement.

MARIE – Quelle bonne idée ! vous êtes formidable, monsieur Houille.

SIMON (en aparté) – Nous sommes sauvés. (à Aline, toujours en aparté) Vous pouvez le remercier, vous étiez mûre pour un rapport corsé.

ALINE (allant serrer la main de Jacques) – Merci, cher monsieur, merci, vous me sauvez.

JACQUES – Je vous sauve ?

SIMON – Oui…heu…sans vous, l’expérience, même réussie, n’aurait servi à rien. (puis en aparté à Aline) « Vous pouvez le remercier », ça ne veut pas dire qu’il faut aller lui serrer la main, c’est du langage figuré.

MARIE – Quelle…quelle est la technique que nous allons utiliser, Aline ? Comment avez-vous préparé nos patients ?

ALINE – J’ai commencé par l’homme.

SIMON – Et qu’avez-vous fait ?

ALINE – Je lui ai fait une piqûre…heu…dans la fesse.

JACQUES – Aïe ! J’ai mal à sa place.

MARIE – Seriez-vous douillet, monsieur Houille ?

JACQUES – Je ne le pense pas mais j’ai toujours eu peur des piqûres….spécialement dans les fesses.

SIMON (étonné) – Une piqûre ? Mais pourquoi ?

ALINE – Mais pour…pour… (Elle cherche quelque chose à dire.)

MARIE – Pour…pour qu’il parle librement, qu’il réponde bien à toutes les questions, c’est ça Aline ?

ALINE – Heu…oui…

SIMON – C’est comme une espèce de sérum de vérité alors ?

ALINE – Heu…oui…et c’est moi qui l’ai inventé.

JACQUES (en aparté) – Je n’ai pas intérêt à me faire piquer, moi !

(François et Julie font leur entrée.)

MARIE – Voilà notre cobaye.

FRANçOIS – Je peux continuer à faire l’animal ?

JULIE – Sûrement pas ! ça suffit pour aujourd’hui.

FRANçOIS – On commence seulement à s’amuser.

JULIE – Oui, mais maintenant, place aux choses sérieuses.

SIMON – Absolument. Venez vous asseoir, cher monsieur.

MARIE (désignant Julie) – Madame, vous pouvez également vous asseoir à côté de monsieur puisqu’il s’agit d’une thérapie de couple.

(Ils viennent s’asseoir dans le canapé.)

ALINE (en aparté à Marie) – Faudra aussi m’expliquer « thérapie ».

JACQUES – Il faut…il faut que je prenne des notes pour…enfin…comme je suis huissier.

MARIE – Très juste. Je vais vous donner ce qu’il faut. (Elle se dirige vers le bureau, prend un bloc de feuilles et un stylo qu’elle lui tend.)

SIMON – Récapitulons avant de commencer : monsieur, ici présent, a donc reçu une injection…

FRANçOIS –  J’ai même crié « Ouille ».

JACQUES – Vous m’avez appelé ?

JULIE (en aparté à François) – Vas-tu cesser s’il te plaît ? (puis normalement à Jacques) Non, personne ne vous a appelé. Mon mari disait qu’il avait crié « Aïe ».

JACQUES – Soit ! J’ai entendu des voix, comme Jeanne d’Arc. Dites, ça me rappelle mon cousin Max.

SIMON – Et qu’a-t-il dit ce cher Max ?

JACQUES – Jeanne d’Arc : comme ils ne l’ont pas crue, ils l’ont cuite. (Il se met à rire. Les autres également, à l’exception d’Aline.)

ALINE – J’ai pas compris.

SIMON (en aparté à Aline) – Elle a été brûlée vive, Aline. Il faudrait revoir également votre Histoire de France.

MARIE – Elle est excellente, monsieur Houille, vraiment excellente. (puis vers François et Julie) Son cousin Max est policier.

JULIE – Ils en ont de l’esprit dans la police.

SIMON (en aparté et regardant Aline) – Il y a hélas ! des exceptions.

JULIE - Mes félicitations, monsieur Houille.

JACQUES – Merci, madame… ?

JULIE – Gouv… (François lui donne un coup de coude.) Gouvet, Julie Gouvet.

JACQUES – Et pour que mon compte rendu soit complet, j’ai besoin du nom de votre mari. (Elle lui donne à son tour un coup de coude.)

FRANçOIS – Ouille !

JULIE (à Jacques) – Il…il ne vous a pas appelé, rassurez-vous.

JACQUES – Je suis rassuré. Comment vous appelez-vous, monsieur ?

FRANçOIS – François…heu… Leroc, comme vous. (désignant Simon)

SIMON (troublé) – Comme moi ?

(Julie donne un nouveau coup de coude à François.)

FRANçOIS – Ouille ! Heu…comme vous…comme vous me l’avez dit tantôt, vous avez donc un autre patient qui s’appelle également François Leroc.

SIMON – Heu.. oui, comme vous donc, pas comme moi.

FRANçOIS – Oui, comme moi, pas comme vous…puisque vous vous appelez…

SIMON – Heu…Leturcq, Leturcq !

MARIE, ALINE et JULIE (en chœur) – Loïc Leturcq.

SIMON – Loïc Leturcq, c’est ça et pas Leroc, comme vous.

JULIE – Deux patients qui portent le même nom, on…on appelle ça des homonymes. C’est assez courant finalement.

SIMON – Et j’en profite pour préciser tout de suite à Aline, qui est une pure scientifique…

ALINE – Ah oui ! Il n’y a pas plus pure.

SIMON – Et à qui certaines choses plus littéraires échappent donc…

MARIE – Qu’elle trouvera la définition de « Homonymes » dans un bon dictionnaire.

SIMON – J’allais le dire, Marie. Heu… revenons à l’expérience à présent. Ecoutons donc Aline, qui est une scientifique, une pure scientifique…

ALINE – Une scientifique qui a des difficultés pour s’exprimer. Enfin, bref ! J’ai inventé une espèce de sérum de vérité. Depuis la piqûre, il a sans doute fait effet et vous allez pouvoir poser des questions à monsieur…

JULIE – Leroc.

ALINE – Vous êtes prêt, monsieur Leroc ?

FRANçOIS – Oui, allons-y.

ALINE – Comment vous sentez-vous ?

FRANçOIS (tout excité) – Tout bizarre mais bien, très bien. Et vous ?

ALINE – Je vais bien, merci.

MARIE – Comme il s’agit d’une thérapie de couple, c’est madame qui va poser des questions.

JACQUES – Un instant. J’ai besoin des professions pour mon compte rendu. Alors, pour madame ?

JULIE – Enseignante.

JACQUES – Et vous, monsieur ?

FRANçOIS – Pilote de formule 1…j’ai toujours rêvé d’être pilote de formule 1.

JULIE – Toi, pilote de formule 1 ? Tu ne dépasses jamais le 90 en voiture. Heureusement, d’ailleurs ! j’ai horreur de la vitesse.

FRANçOIS – C’est juste, tu préfères quand c’est lent, quand ça dure.

JULIE – François ! je t’en prie.

FRANçOIS – Enfin ! tu préférais ! parce que c’est devenu plutôt calme…depuis quelques années.

JULIE – Ne l’écoutez pas, il ne sait plus ce qu’il dit.

JACQUES – Heu…est-il possible de connaître votre profession ?

FRANçOIS – Je travaille à l’office de tourisme de ma ville. Et comme il n’y a rien à visiter, je ne fais pas grand-chose.

JULIE – Tu n’es pas obligé de le crier sur les toits.

FRANçOIS – Couvreur ! j’aurais dû être couvreur.

JULIE – Pourquoi ?

FRANçOIS – Mais pour le crier sur les toits, justement .

JULIE – Tu es stupide.

JACQUES (s’impatientant) – Alors, qu’est-ce que j’écris ?

FRANçOIS – Eh bien, puisque je travaille à l’office du tourisme, écrivez « Officier du tourisme », ça sonne bien, c’est comme les cloches de l’église…parce qu’il y a une église aussi.

JULIE – C’est le minimum…un minimum de sérieux, ce serait bien aussi, François.

FRANçOIS – Il y a aussi une boucherie, une boulangerie…

JULIE – François, ça suffit, je t’en prie.

JACQUES – Je suis prêt maintenant, je vous écoute.

MARIE – Oui, l’expérience. Madame Gou… (Elle fait un petit signe de tête à Julie pour qu’elle lui souffle la suite.) 

JULIE – Vet… Gou-vet.

MARIE – Madame Gouvet, en tant qu’épouse de monsieur, vous allez lui poser les questions.

ALINE – Et grâce à mon sérum, il va dire la vérité, toute la vérité et se sentir de la sorte soulagé pour reprendre du bon pied sa vie de couple. (Hormis Jacques, tout le monde la regarde d’un air étonné)

JULIE – Pourquoi du bon pied ? Il l’avait mis de travers ?

ALINE – Vous pouvez le lui demander si vous le désirez.

JULIE – Je vais commencer par son enfance. François, tu m’entends ?

FRANçOIS – Oui, Julie, je te reçois cinq sur cinq.

JULIE – As-tu vécu une enfance heureuse ?

FRANçOIS – Non, pas vraiment.

JULIE – Pourquoi ?

FRANçOIS – Parce que je recevais souvent des fessées.

JULIE – Quelle en était la raison ?

FRANçOIS – J’ai fait pipi au lit jusqu’à l’âge de dix ans.

MARIE (à Julie) – Heu…même si l’information peut être utile, posez-lui plutôt des questions en rapport avec votre couple.

JULIE – J’y arrive mais permettez-moi quand même de lui demander ceci : quand as-tu eu ta première copine et comment s’appelait-elle ?

FRANçOIS – Je crois que je devais avoir douze ans, elle s’appelait et s’appelle toujours Elodie Lechien.

JULIE – Elodie Lechien… comme notre voisine ?

FRANçOIS – Oui.

JULIE – S’agit-il d’une seule et même personne ?

FRANçOIS – Oui.

ALINE – Des homonymes ?

SIMON – Non, Aline, non. Vous irez voir dans un dictionnaire.

MARIE – Reprenez, Julie.

JACQUES (tout sourire) – Oui, parce que c’est drôlement intéressant.

JULIE (suspicieuse, à François) – Quelle est, actuellement, la nature de tes relations avec cette femme ?

FRANçOIS – Sexuelles, mes relations avec elles sont uniquement sexuelles.

JULIE (scandalisée) – Quoi ? Tu me trompes avec elle ?

FRANçOIS – Oui mais c’est toi que j’aime.

SIMON – Tout cela devient gênant. Vous croyez qu’il est utile de poursuivre l’expérience ?

JACQUES (hilare) – Oui ! Oh oui !

MARIE – Personnellement, j’aurais tendance à dire non.

ALINE – Il serait quand même intéressant, je parle dans l’intérêt de la science évidemment, de voir s’il peut faire autre chose que répondre à des questions simples par oui ou non.  Demandez-lui, madame, s’il peut expliquer comment tout cela a commencé.

MARIE – Mais on va jeter de l’huile sur le feu !

SIMON (en aparté, entraînant Aline) – Pas d’excès de zèle, Aline, attention au rapport corsé.

ALINE (en aparté, à Simon) – Et vous, attention au syndicat !

JULIE (pleurnichant) – Qu’ai-je fait pour mériter tout ça ? Comment cette liaison avec cette Elodie Lechien a-t-elle commencé ?

FRANçOIS – Quand elle est venue s’installer à côté de chez nous, je n’étais pas sûre qu’il s’agissait d’elle. Mais nous avons vite reparlé de notre enfance. Elle était si contente de m’avoir retrouvé, elle m’a avoué qu’elle avait toujours continué de penser à moi.

JULIE – La garce ! Et ensuite ?

FRANçOIS – Elle allait souvent au bout de son jardin, près de son poulailler.

JULIE – Ce qui explique tes fréquentes allées et venues sur la pelouse.

ALINE – Chut ! Laissez-le poursuivre.

JULIE – Alors ?

FRANçOIS – La voyant près de son poulailler, je l’appelais « ma poule » et je voyais bien que ça ne lui déplaisait pas. Alors, de fil en aiguille…

JULIE – De fil en aiguille ?

FRANçOIS – On a fini par enlever le tricot. (Il rit.) Je lui ai volé dans les plumes et ça a fini au plumard.

(Jacques rit également mais les autres sont mal à l’aise.)

JULIE – La chienne !

FRANçOIS – Non, Lechien, Elodie Lechien ! (Il rit de plus belle.)

(Jacques rit également. Les autres sont de plus en plus gênés.)

SIMON (très embarrassé) – Heu…Stoppons là l’expérience, elle est plus que suffisante.

FRANçOIS – Et au lit, elle aboyait et je lui disais : « Viens, le chien, viens ! » mais c’est moi qui remuait la…

JULIE – Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! Je t’ai déjà blessé deux fois, à présent, je vais te couper quelque chose. (Elle commence à le frapper, Simon et Marie s’interposent et l’éloignent de François.)

SIMON (à Aline) – Aline, emmenez monsieur Duroc ou Leroc, je ne sais plus très bien, à côté.

JACQUES (à François, montrant les mains) – Dites, il vous a mordu aux mains ?

FRANçOIS – Qui ?

JACQUES - Lechien, voyons, Elodie Lechien. (Il rit aux éclats.)

ALINE – Venez, monsieur. (Elle entraîne François dans la cuisine.)

FRANçOIS – Vous m’emmenez au poulailler ? (Ils sortent.)

JACQUES (même jeu) – Dites, les thérapies de couple, c’est pour les réconcilier ou les séparer ?

SIMON – Vous, ce n’est pas le moment ! Faites plutôt votre compte rendu.

JACQUES (tout sourire) – OK, OK.

(Simon et Marie aident Julie à se rasseoir dans le canapé.)

MARIE (à Julie) – Ne vous en faites pas trop, le sérum n’est peut-être pas tout à fait au point.

JULIE (en larmes) – Je suis anéantie. Laissez-moi, s’il vous plaît.

SIMON (à Jacques) – Heu…vous…vous aviez des choses à nous dire, monsieur Houille ?

JACQUES – Des choses à dire ?

MARIE – Mais oui : à propos de votre femme.

JACQUES – Ah oui !

SIMON – Venez, nous allons discuter ailleurs pour laissez madame récupérer. En général, dans une chambre, on se confie facilement.

JACQUES – Non ! la cuisine, je préfère la cuisine. Dans une chambre, je vais me croire à l’hôpital.

MARIE – Mais la cuisine est déjà occupée.

JACQUES – Eh bien, faites-les sortir, une cuisine, c’est plus chaleureux : il y a de la vaisselle, de la vie, des…photos de famille.

SIMON – Bien, allons-y.

(Jacques et Marie rentrent dans la cuisine. Simon attend. Aline et François en ressortent.)

SIMON (à Aline, en aparté) – Allez plutôt dans la salle de bains pour éviter les conflits.

(Simon rentre dans la cuisine.)

JULIE (les voyant sur le point de rentrer dans l’autre pièce, à François) – Tu entraînes déjà dans la chambre ta nouvelle conquête ? (puis à Aline) Vous, retournez dans la cuisine.

ALINE – Je suis désolée, vraiment désolée.

(Elle sort.)